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THEOLOGIQUE
/ AUCH 23 JUIN 2018
PARLER DE DIEU - PARLER
DE NOUS
UNE INITIATION DE L'EVANGILE DE JEAN
Le
monde possède déjà le rêve d'un temps
dont il
doit maintenant posséder la conscience
pour le
vivre réellement. Guy
Debord (1)
PRESENTATION / INTRODUCTION
Comment parler de Dieu
aujourd'hui, comment en témoigner pertinemment ? Peut-on seulement en parler
autrement que chacun pour soi, intimement, ou que chacun dans sa communauté,
religieusement ?
Alors que les discours les
plus "extrémistes" brouillent les prises de position religieuses les
plus ouvertes, peut-on sérieusement imaginer tenir publiquement un discours
apologétique (j'entends par là non pas
"une épopée de Dieu", mais quelques assertions correctement
articulées, mises en perspective et soumises à la sagace appréciation de qui
voudra) ?
Ou alors est-ce
justement le moment de s'y atteler ? Modestement
certes, avec l'intention cependant de ne jamais abandonner les débats et les
échanges, les délibérations et les confrontations.
Avec les hésitations de ceux
qui savent qu'ils ne savent pas tout, oser parler de Dieu.
Du Dieu dont nous parle Jean en
l'occurrence. Du Dieu qui nous parle, mais nous parle aussi de nous, nous dit
des choses de nous tous, sur nous tous.
Du Dieu qui s'incarne, se
dénude, se défait de ses atours, ramène le sacré au profane, réconcilie le ciel
avec la terre. Et montre ainsi aux humains combien il est profitable de tomber
les masques égotistes et trompeurs pour recouvrir une vie plus juste, plus vraie,
peut-être plus heureuse.
Du Dieu qui se fait
volontiers oublier pour que nous
perdions l'habitude de l'idolâtrer et surtout de nous idolâtrer - parce que ce
sont les humains les idoles dont Dieu n'est que la projection.
Du Dieu qui sous certains
angles accepte d'être irrécupérable
pour que nous ne restions pas le nez collé au passé, à y chercher des vérités
originelles, à y planter nos racines fantasmatiques, à y raccommoder nos
préoccupations identitaires... mais pour qu'au contraire nous considérions tous
les possibles auxquels il veut ouvrir tout grand présent et avenir.
Du Dieu qui, s'effacerait-il
- serait-il mort, continue à se
révéler bien plus original que ce que nous croyons ou ne croyons pas, et à
révéler de nous des choses bien plus inattendues que tout ce que nous pouvons
en connaître.
De ce Dieu nous en parlerons
donc ensemble avec Jean, principalement en évoquant la manière que celui-ci a
de dérouler et de structurer son évangile. Cela constituera la première partie
de notre travail, même si je vous proposerai d'y revenir brièvement pour
clôturer la deuxième partie, .dans laquelle nous parlerons davantage de nous,
des humains.
Où nous évoquerons des
notions telles la grâce, la justice, la
gloire et la Croix, l'altérité, l'idolâtrie, mais également des notions moins
convenues telles l'oubli, l'irréparable, l'effacement, le repos, l'impuissance,
la vie nue, la figure du réfugié...
Et où nous écouterons et
réagirons aux propos de philosophes (Giorgio Agamben, John D. Caputo, Michel Henry, Emmanuel Lévinas,
Gianni Vattimo...), de psychiatre (Simon-Daniel Kipman), de théologiens (Thomas
Altizer, François Vouga...) qui éclairent - explicitement ou non - la
radicalité du message johannique, et qui décalent le regard porté sur l'Autre,
les autres comme sur nous-mêmes.
Enfin, dans la troisième
partie nous débattrons ensemble, et continuerons donc à parler de Dieu, à
parler de nous... autrement ?
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(1) Guy Debord : La société du spectacle, Gallimard, Paris 1967, aphorisme 164