compte rendu du café théologique du 15 juin 2013  
 
Protestants du Gers
 
Accueil
 
présentation
 
A NE PAS MANQUER
 
Cultes
 
Prédications
 
catéchèse
 
Les Activités
 
Carnet de la Paroisse
 
Les Echos de nos Activités diverses
 
Infos
 
Photos
 
JEUX POUR TOUS
 
Archives
 
Contact
 
contacts de l'église réformée du gers
 
lectures diverses
 
Synode 2015
 
travaux au temple de Fleurance
 
les rameaux 2016
 
café théologique du 12 Novembre 2016 ZWINGLI
 
café théologique du 9 décembre 2017
 
Etude Biblique 2019

CAFE THEOLOGIQUE à AUCH le Samedi 15 Juin 2013

 

Belle rencontre, riche de questions à partir de deux voix qui se croisent sans cesse. Deux voix ?  En effet, le Pasteur GINOUVIER empêché a confié à Jean-Pierre LECLERC  son enseignement : « Les écrits de Luc, ou l’épopée de la Bonne Nouvelle », lequel rebondit  et prolonge le propos par une réflexion sur la parabole du bon samaritain. C’est donc en deux temps que je vais tenter de vous relater la grande richesse de cette soirée.

Tout d’abord suivons le pasteur dans sa « Petite présentation d’une épopée qui concerne tout le monde sans exclusive par un fameux metteur en scène, amoureux de tous ses personnages ».

Mais qui est donc  Luc ? Paul l’appelle « le médecin bien-aimé » dans Col. 4,14, on pourrait le qualifier d’historien –metteur en scène, puisqu’il est le seul des évangélistes à relater avec précision la naissance et l’enfance de Jésus : « après m’être informé exactement de tout depuis les origines, d’en écrire pour toi, un récit ordonné, très honorable  Théophile, afin que tu puisses constater la solidité  des enseignements que tu as reçus ». écrit il  dans la dédicace de l’Evangile. - Luc 3,4 trad. TOB - Il est aussi celui qui s’attache le plus à décrire le rôle de Marie dans l’annonce de la Bonne Nouvelle.

En grec élégant du 1er siècle, il rédige deux livres, qui tant par leur forme que leur intention seraient, à l’origine, les deux tomes d’un seul ouvrage qu’on peut dater entre 70 et 80 pour l’EVANGILE et entre 80 et 90 pour les ACTES. Les étudier ensemble fait ressortir trois points :

1) de l’intérêt de prolonger l’histoire

2) de l’intérêt de parler de l’Esprit

3) de l’intérêt de mettre en scène une grande diversité de personnages. En deux mots passer constamment du particulier à l’universel.

1) De l’intérêt de prolonger l’histoire.

LUC lie constamment l’œuvre de salut de Jésus -Christ par « son histoire » à l’exceptionnelle aventure de milliers puis de millions d’être humains engagés  dans son compagnonnage. Au départ, un couple et son bébé, des années plus tard, un jour de Pentecôte, des milliers de personnes des nations du monde connu d’alors.

Histoire singulière et donc banale mais de portée universelle et donc exceptionnelle.

Nous sommes dans une dynamique de la Création, qui ne cesse de commencer et de recommencer à écrire une aventure commune avec ses partenaires les humains.

2) de l’intérêt de parler de l’action de l’Esprit Saint.

En précisant que Jésus naît dans une crèche, il veut nous faire comprendre qu’avec lui, le salut surgit en un lieu ouvert à tout le monde. Le jour de Pentecôte, l’Eglise ne naît ni dans une synagogue, ni au Temple mais au cœur d’un groupe ouvert à tous, d’hommes et de femmes en mouvement, « enivrés  » par l’Esprit. Pas de territoire marqué par des frontières que la notion de Royaume pourrait introduire dans les esprits, mais bien au contraire « création permanente », « renouvellement », « brassage », échanges propres à l’action de l’Esprit Saint.

3) de l’intérêt de mettre en scène une grande diversité de personnages.

Luc s’intéresse aux gens, à tout ce qui rassemble, crée du lien, réconcilie, tout ce qui permet de vivre les uns avec les autres tout en s’épanouissant personnellement «  Aime ton prochain comme toi-même » (Luc 10,28).

 

Le conférencier «fait un arrêt-image» sur deux personnages qui ne pouvaient pas échapper à la passion de Luc pour «les gens » :

            le bon Samaritain ( Luc 10, 24-37) et l’eunuque éthiopien ‘ Actes 8,26-40).

Je ne peux m’attarder (hélas) sur le développement du Pasteur Ginouvier car le brillant exposé de Jean-Pierre Leclerc m’invite à relater le prolongement de la réflexion du pasteur sur la parabole du bon samaritain évoquée pour illustrer l’universalisme de l’évangile, sa portée universelle qui s’enracine dans l’expérience personnelle des hommes.

Laissons la parole à Jean-Pierre LECLERC : Cette parabole est un hymne à l’humain. C’est l’humanisation de la religion  C’est l’incarnation de Dieu, c’est Dieu dans le mouvement de l’être. Un être pour autrui qui est suffisamment dans la conscience de soi pour ressentir l’autre. « Aime ton prochain comme toi-même».

Elle est la réponse de Jésus à la question d’un légiste qui devrait en savoir long sur la question  « que dois-e faire pour avoir la vie éternelle ?» Pas si facile à appliquer car « qui est mon prochain ? » demande l’homme. On pourrait  voir à cet embarras (ou cette feinte politique) une raison d’ordre socio-politique et une raison plus personnelle. Juifs et samaritains s’excluent et se méprisent  mutuellement. On n’aime pas l’ennemi. Tels que nous les présente la parabole, le prêtre et le lévite sont prisonniers de leur statut et de leur image sociale. Le rôle que l’on joue sur la scène du monde étouffe l’être profond que nous sommes, son humanité avec sa faiblesse, son désir, ses aspirations, ses rêves, ses appels ; S’aimer soi-même, c’est ce retour sur soi-même, accepté dans ce qu’il est. Comment voir le prochain dans sa profondeur si nous ne sommes pas en  mesure de nous rencontrer nous même dans les vérités qui nous constituent, tout ce qui est différent du paraître.

Le retournement de la question du prochain est exemplaire. Nous n’avons pas accès à nous même sans l’autre, notre moi est un moi de relation. Une relation qui laisse de côté la prétention  à sauver l’autre et  trouve sa source dans l’humilité. Du coup, notre élan vers l’autre, nos gestes à son égard, ne viennent pas tant de nous que de l’amour que nous avons reçu et que nous vivons dans nos rencontres. L’humain rejoint l’universel, non seulement dans le dépassement de ses appartenances, mais aussi l’au-delà de son propre moi. Sur le plan du fondement et du noyau de son être, le «comme toi-même» abolit la frontière « moi-je » sans pour autant annuler la différence. Autrui n’est pas réduit à un miroir où je me projette. Sa différence m’étonne, sa revendication me questionne. Sa présence est puissance de vie.

Et si ce bon samaritain, ce n’était pas le Christ lui-même ?

Homme libre de toutes contingences, au delà de toutes sciences, Il voit la détresse et la ressent. Il agit, ses gestes sont d’une infinie prodigalité, il bande les plaies en y versant de l’huile et du vin, le charge sur sa propre monture, le conduit à une auberge et prend soin de lui .

Il s’en va, mais par personne interposée continue à le prendre en charge : « Prends soin de lui, et si tu dépenses quelque chose de plus, c’est moi qui te le rembourserai quand  je repasserai»  - Luc 10,35 -

Comment relater un si riche échange en quelques mots ? Densité, élévation de la pensé, témoignage d’une véritable recherche en profondeur, merci pour tant de « bonheur ».

Jacqueline LACH-ANDREAE

 

© 2018